Inventaire des coléoptères saproxyliques dans la forêt départementale de l’Hautil

Le conseil général du Val d’Oise s’inscrit dans une démarche de connaissance du patrimoine biologique afin de fixer des priorités de gestion favorisant la biodiversité et mettre en place une gestion conservatoire de  l’environnement. Pour établir un diagnostic de son patrimoine naturel, le conseil général a engagé une série d’études sur la diversité biologique de son territoire. Dans ce cadre,  un état des lieux de l’état de conservation de la forêt départementale de l’Hautil m’a été commandé. Cet état des lieux a été réalisé à travers un inventaire des coléoptères saproxyliques. Les caractéristiques écologiques liées à ces espèces sont en effet particulièrement révélatrices de « l’état de santé » d’un massif forestier.

Les objectifs de cette étude menée sur 3 années, de 2010 à 2012, ont été de :

  • réaliser un inventaire le plus exhaustif possible des espèces de coléoptères saproxyliques se développant sur ce massif;
  • relier paysage, gestion forestière et diversité des coléoptères saproxyliques et d’en décrire et analyser les schémas de diversité observés;
  • commenter la gestion forestière de ce massif et si nécessaire émettre des préconisations d’amélioration;
  • évaluer l’efficacité des différentes techniques d’échantillonnage utilisées et émettre des recommandations pour la suite.

Le massif forestier de l’Hautil se situe dans le département du Val d’Oise (95) dans la région Ile-de-France. Sa gestion est sous la responsabilité de l’ONF (Office National des Forêts). Le boisement est dominé par le chêne sessile (38 %) et le châtaignier (38%) suivi du frêne (11%) et du chêne pédonculé (7,3%). Une caractéristique importante de la situation est la mise en place d’îlots de vieillissement représentant 10,85 ha de boisement suite à une étude similaire passée.

L’étude s’est localisée sur quatre stations d’échantillonnage, trois à partir de 2010 et une quatrième en plus en 2011. Ces stations comprennent trois îlots de vieillissement,  une prairie (Prairie de Bellefontaine) et deux parcelles boisées ayant une fonction sylvicole moindre.

 

Station1 ……………………………………………………Station2

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Station3 ……………………………………………………Station4

Afin de réaliser cet inventaire des coléoptères saproxyliques de la forêt départementale de l’Hautil, cinq techniques différentes d’échantillonnage ont été mises en œuvre. Celles-ci sont  complémentaires les unes par rapport aux autres :


Le programme d’échantillonnage par saison et sur les trois années a été établi en fonction des  types de piégeage. Ses caractéristiques principales sont le nombre de pièges par station, et le nombre d’occurrences des relevés des pièges et l’espacement de temps entre chaque relevé. A chacun des relevés, les échantillons collectés ont été conditionnés dans l’alcool à 70° en attendant le tri en laboratoire. Après tri, les coléoptères d’une taille supérieure à 2 mm ont été conservés sur couches sèches de coton. Les coléoptères de plus petite taille ont été conservés en alcool. Un certain nombre de spécimens ont été montés afin d’alimenter une collection de référence.

Suite aux campagnes d’échantillonnage de 2010 à 2012, ce sont 9511 coléoptères, toutes familles confondues, qui ont été observés :

  • 1984 en 2010 pour trois stations;
  • 4215 en 2011 pour quatre stations puisqu’une quatrième station comportant cinq pièges supplémentaires  avait été mise en place;
  • 3312 en 2012.

Sur ces effectifs, la part des coléoptères saproxyliques a été de 82% en 2010, 71% en 2011 et 89% en 2012 répartis en 135 espèces  en 2010, 168 en 2011 et 195 en 2012. Les trois années d’échantillonnage ont ainsi permis de déterminer 263 espèces liées au bois mort durant au moins une partie de leur cycle.
Galerie de photos


Concernant les espèces indicatrices de la valeur biologique des forêts françaises (Brustel 2001), 29 espèces ont été recensées en 2010, soit 21,5% de l’ensemble des espèces de l’année. En 2011, ce sont 34 espèces indicatrices qui ont été identifiées soit 20,2% des 168 saproxyliques. Enfin, en 2012, ce sont 38 espèces (19,5%) sur les 195 espèces identifiées.  Pour ces trois années d’échantillonnages, nous avons pu établir que la richesse totale inventoriée a été  de 49 espèces, 21 espèces indicatrices étant communes à plusieurs années.

Sur la base d’une évaluation des espèces à partir des indices de Brustel (2001), huit espèces présentent la caractéristique d’un total (Ipn + If) supérieur ou égal à 6 (Ipn évalue le niveau de rareté des coléoptères saproxyliques  pour le nord de la France et If évalue le niveau de sténoécie des coléoptères saproxyliques en France entière).

Les espèces obtenant ce score sont considérées comme possédant un très fort caractère patrimonial (Brustel dans Mériguet et al., 2009). Il s’agit de Ampedus cardinalis, Ampedus nigroflavus, Ampedus pomonae, Calambus bipustulatus, Hypoganus inunctus, Procraerus tibialis, Hypulus quercinus, Mycetophagus decempunctatus.

Les espèces déterminantes de ZNIEFF sont répertoriées dans le tableau suivant :
lien vers tableau des espèces déterminantes.

Pour consulter la présentation des espèces remarquables rencontrées lors de cet inventaire suivre le lien suivant : lien vers espèces remarquables


En termes d’efficacité des techniques de piégeage, on constate que les pièges aériens d’interception multidirectionnelle (PIMUL) ont permis de collecter plus de 91% des spécimens de coléoptères saproxyliques et permettraient de déterminer 94% des espèces rencontrées. La chasse vue aurait permis de déterminer 20,5% des espèces rencontrées et les piégeages aériens attractifs en auraient décelées 17%. Seulement 14 espèces, soit 5,4% ont été déterminés exclusivement à partir d’individus collectés à l’aide de la chasse à vue (7) ou du piégeage aérien attractif (4) ou bien encore d’une boîte à émergence (3).

En conclusion de l’étude, l’inventaire des coléoptères saproxyliques de la forêt départementale de l’Hautil a permis de confirmer son caractère exceptionnel. Cette forêt représente très certainement un enjeu majeur de conservation de la biodiversité à l’échelle régionale. Le fait que l’on y constate une diversité importante des coléoptères saproxyliques avec plusieurs espèces remarquables s’y développant est un indicateur fort d’une forêt de bonne qualité, riche en micro-habitats et relativement stable.

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