Mantodea

1. le constat actuel

Actuellement, la taxonomie disparaît de nos laboratoires publics. « Les chercheurs de la nature vieillissent et partent à la retraite sans être remplacés, leurs labos ferment, les crédits manquent » (Pr Canardeau, Le Canard Enchaîné). Selon Patrick Cayré, directeur de département à l’Institut de Recherche et du Développement (IRD), « il n’y aurait plus en France qu’une quarantaine de systématiciens! ». Alors que 10 à 100 millions d’espèces inconnues disparaissent sans même être décrites, étudiées.

De trop nombreuses espèces disparaissent chaque jour sans avoir été étudiées. Les générations futures ne pourront pas autant observer la diversité biologique que nous le pouvons, si la destruction des habitats, la déforestation, l’invasion de certaines plantes et la négligence de l’homme au quotidien continuent.
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Ce sont les groupes les moins étudiés qui sont les premiers exposés à leur disparition. Plus les déterminations sont difficiles, moins on s’y intéresse. La majorité du grand public porte de l’intérêt voire s’inquiète de la protection des éléphants, des tortues, des tigres, etc. C’est bien, mais peu sont ceux qui se préoccupent de la disparition d’insectes. L’histoire a fait qu’ils sont tous associés à des nuisibles et qu’il faut les détruire. Mais si les gens en ont peur c’est qu’ils ne les connaissent pas pour la plupart et qu’ils ne veulent pas savoir.
Aujourd’hui les consciences changent mais cela ne suffit pas. Les spécialistes des mantes se font de plus en plus rares. Ils ont été Saussure, Westwood, Giglio-Tos, Beier, Kaltenbach… Ils ne sont plus que quelques-uns aujourd’hui : Roy, Lombardo, Otte…

2. L’étude des mantes (Mantodea)

Des travaux sont en cours sur les genres Acromantis sp. et Panurgica sp., et sur les mantes de Madagascar et de République Centrafricaine.
A ce sujet, des missions ont été effectuées en janvier 2007 à Madagascar et en 2010 et 2012en République Centrafricaine pour réaliser un inventaire des Mantodea afin de compléter les données concernant ce groupe d’insectes. La mission à Madagascar s’inscrivait dans le cadre du projet d’actualisation et de révision du numéro de Faune de Madagascar sur les Mantodea à venir.

2.1.Le Projet Mantes

(Acces to english version click on : Study of mantids)
Depuis plusieurs années,  je m’intéresse aux insectes en général et  aux mantes en particulier.  Avec  cette expérience acquise , je cherche à participer de mon mieux au maintien et à l’accroissement  de la connaissance de l’homme vis-à-vis de son milieu naturel. De trop nombreuses espèces disparaissent chaque jour sans avoir été étudiées. Or la diversité biologique ne pourra se maintenir au niveau actuel, si la destruction des habitats, la déforestation, l’invasion de certaines plantes et la négligence de l’homme au quotidien continuent.

Mon objectif  est donc de contribuer à :

  • Cartographier les mantes dans les régions peu ou pas explorées;
  • Aider à la protection de certains milieux fragiles et menacés, en particulier les forêts tropicales;
  • Mettre en évidence des espèces à protéger;
  • Déterminer des spécimens récoltés lors de missions d’échantillonnage réalisées par des laboratoires de recherche publics ou privés, par des ONG, par des associations et des particuliers;
  • Informatiser la systématique des Mantes et initialiser leur ‘barcoding’;
  • Publier dans des revues scientifiques.
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Un tel projet implique la maîtrise de nombreux savoir-faire :

  • Les pratiques d’échantillonnage, le travail sur le terrain;
  • La connaissance et la pratique des  outils de détermination, le travail sur les collections, les référentiels, les ouvrages;
  • La systématique des mantes;
  • Le traitement et la gestion de données : les calculs statistiques, les Systèmes d’Information Géographique, la gestion des bases de données;
  • La pédagogie et la communication.

Il nécessite de plus d’être intégré à des  réseaux de professionnels et d’amateurs de ce domaine.

2.2 Les techniques d’échantillonnage

Plusieurs techniques sont disponibles pour échantillonner les mantes :

- la prospection à vue ne nécessite pas de matériel particulier mais fait appel à un grand sens de l’observation et beaucoup d’attention..

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- le fauchage
consiste à faucher les végétaux pour ensuite repérer la présence des espèces d’insectes recherchés..
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- le battage consiste à secouer les branches des végétaux au dessus d’un tissus tendu de sorte à réceptionner les insectes et pouvoir ensuite les déterminer sur place ou les récupérer pour un examen ultérieur.
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- les chasses nocturnes : Cette technique nécessite un drap et une lampe de forte puissance voir l’article chasse nocturne sur ce site en suivant le lien..

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- le piégeage automatique avec lumière incorporée : Remote Canopy Trap

Cette technique consiste à installer un piège aérien muni d’un dispositif  de lampe alimentée par une batterie et d’une temporisation. Ce système fonctionne en autonomie. Il suffit d’aller régulièrement collecter les insectes et les disposer sur des supports assurant une bonne conservation.

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Dans les milieux forestiers, il peut être nécessaire de grimper dans les hauteurs des arbres pour mettre en oeuvre ces divers procédés
( prospections, battage, chasse nocturne, Remote Canopy Trap)

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2.3 Le  travail de systématique et taxonomie sur les mantes

 

Une fois le travail d’échantillonnage
effectué, le travail se poursuit au bureau avec une bonne lunette binoculaire, de la documentation papier (revue, ouvrages, ..;) ou informatique (banques de données, bibliothèque informatique, …), des boîtes de collection et le matériel pour présenter les insectes (étaloir, pinces souples,  …)
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La détermination  des mantes nécessite d’examiner les diverses parties de l’individu étudié notamment la tête, le pronotum, les pattes, les ailes, l’abdomen, les génitalia. Des schémas sont établis pour préciser les caractéristiques de chaque espèce.
En voici un exemple tiré d’une étude réalisée par Roy et Svenson en 2011.

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Dans ce cadre, l’écologie et en particulier la phylogénie est étudiée via l’analyse phylogénique (barcoding) . Ces analyses s’accompagnent de  description d’espèces et de révisions de genre.

Nombre de ces travaux sont réalisés dans le cadre de coopérations au niveau  international au sein du projet Mandodea: Systematics et Evolution (voir à ce propos le site très documenté: mantodearesearch)

Voir aussi les sites : mantids.de de M Stiewe, et mantodea.speciesfile , riches en photos de mantes et d’informations sur le sujet.

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