Mantes République Centrafricaine

1. L’Expédition SANGHA 2012

Les objectifs du projet SANGHA2012 sont les suivants :

  • inventorier la faune et la flore qui compose la biodiversité
    de la zone d’étude ;
  • favoriser la collaboration de scientifiques de tout horizon ;
  • participer à la compréhension de l’évolution des milieux étudiés et de la particularité hydrographique de la région étudiée ;
  • former les personnes du pays aux techniques d’inventaires et d’études scientifiques mis en œuvre durant la mission.

A ces objectifs de recherche, s’ajoutent ceux de développement d’actions durables et favorisantes pour les échanges nord-sud.

La première phase de la mission SANGHA2012 a eu lieu en novembre-décembre 2010, après de longs mois de préparation. Durant un mois, 13 participants (parmi lesquels 3 entomologistes dont 2 professionnels, 1 arachnologue, 2 botanistes, 1 ornithologue, 3 cordistes, 1 infirmier…) ont reconnu les lieux, ont testé différentes techniques de piégeage et ont débuté l’inventaire de la biodiversité dans la région des lacs de la forêt du Parc National Dzanga-Ndoki. Cette mission de reconnaissance a permis de mettre en place une expédition bien plus longue (deux mois) qui aura lieu entre janvier et mars 2012.

Le prochain départ est programmé le 17 janvier 2012. La mission durera un mois (jusqu’au 18 février 2012).

Le but de cette mission est de compléter les données sur l’inventaire des Mantodea ainsi que l’étude de leur écologie suivant différents critères :

la situation altitudinale à l’échelle d’un arbre dominant de 70 mètres ;

les différents milieux rencontrés (strate herbacée, strate arbustive en milieux anthropisés, strate arbustive et arborée en contexte de lacs enclavés dans la forêt primaire, végétation herbacée aquatique au sein des lacs).

La mission permettra aussi de participer à l’inventaire de l’ensemble de l’entomofaune de la régions des lacs de la forêt primaire du Parc national Dzanga-Ndoki en RCA.

Après mon départ le 17 janvier 2012 pour Banghi via Casablanca et un séjour d’un mois me voilà de retour depuis le 15 février 2012.

Cette expédition nous a apporté son lot d’aventures et mésaventures, de découvertes et de petits ou grands moments mémorables.


Au départ, de nombreuses péripéties ont beaucoup ralenti la mise en route de l’expédition, notamment pour former l’équipe locale des porteurs et organiser le déplacement en forêt mais finalement nous nous sommes bien tous retrouvés au camp de base près du lac1.

Nous y avons même retrouvé un immense crocodile (plus exactement un faux-gavial) de 4m de long et maman scorpion avec sa progéniture. C’est cela l’Afrique….

Une fois arrivés sur site, la plate forme a été placée dans un Azobé à 35 mètres de hauteur au dessus du lac 1 tandis qu’ un Molapa frôlant les 50 mètres accueillait des cordes de déplacement permettant des prospections à vue.

L’équipe a fait de nombreuses  rencontres avec les animaux et la flore du pays, par exemple nous avons trouvé un ver de terre dont même notre professeur es annélidés n’avait jamais entendu parler et de nombreux animaux et plantes ont pu être observés.

Nous avons aussi fait de belles découvertes. Ainsi, notre inventaire des mantes s’est notablement enrichi de nouvelles espèces.

Maintenant de retour,  il va falloir passer du temps à déterminer tous ces « petits » insectes et faire partager nos découvertes et nos résultats.

Vous trouverez bientôt toutes ces infos sur le site de l’expédition :

http://www.insectesdumonde.org/

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2. Le Projet de recherche : Etude des Mantodea du bassin du Congo : Les mantes de deux régions tropicales de la RCA

Ce projet a été présenté à la Société Entomologique de France pour
l’obtention d’une bourse de recherche en entomologie dans le cadre des bourses Germaine Cousin.
La bourse a été acceptée pour l’année 2012 – 2013 et m’a été décernée le 12/12/2012 en présence de R ROY.

Une nouvelle bourse a été acceptée pour 2014 -2015. La remise de la bourse s’est déroulée le 10/12?2014 au MNHN.

(English version Project on Mantodea of Congo basin)

L’objet en détail de cette recherche :

En 2005 (OTTE & SPEARMAN, Mantida Species File), le groupe des mantes (Dictyoptera : Mantodea) comptait environ 2452 espèces valides (en 446 genres). Ce sont des insectes dont la connaissance est en perpétuel développement. D’ailleurs, depuis cette estimation, une révision de la tribu des Toxoderini réalisée par R. ROY a permis, entre autre, d’ajouter neuf espèces à cette liste. Elles sont présentes dans presque tous les écosystèmes terrestres. Elles se rencontrent dans tous les types d’habitats, depuis le désert saharien jusque dans les forêts équatoriales, depuis le niveau des mers jusqu’à haute altitude. La très grande majorité des nouvelles espèces restant à découvrir se trouve dans les milieux forestiers intertropicaux. De plus, étant majoritairement des insectes cryptiques et de nature solitaire, peu de travaux intensifs de terrain ont été réalisés jusqu’à aujourd’hui.

En Afrique, seules les prospections de R. ROY, dans les années 1960 à 1980, ont apporté des inventaires globaux sur les mantes de certains pays africains (Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana…) ; et celles d’A. KALTENBACH, en 1996 et 1998, en Afrique du Sud. On estime pour le moment la faune des mantes africaines à plus de 1000 espèces.

Le présent projet a pour objectif d’étudier la diversité des mantes dans les différentes strates de la végétation (herbacée, arbustive, arborée, canopée) d’une partie du territoire du Tri-National de la Sangha côté République Centrafricaine (RCA) (2°25’-2°35’N, 16°05’-16°15’E ; entre 0 et 400m d’altitude) avec la réserve spéciale de forêt dense de Dzanga-Sangha, le Parc National Dzanga-Ndoki et la région de La Maboké-Boukoko. La zone d’exploration se situe au coeur d’une forêt dense ; deuxième forêt tropicale après l’Amazonie. Ainsi, une partie du projet scientifique sera de mettre à jour les connaissances sur les mantes inféodées aux forêts humides du bassin du Congo par analyse bibliographique. Les pays concernés sont le sud du Cameroun, la pointe sud de RCA, une grande partie de la République Démocratique du Congo (ex Zaïre), le nord du Congo et la quasi-totalité du Gabon. Seul la RCA a été sujette à des prospections de terrain personnelles entre 2010 et 2012.

D’une manière générale, cette étude s’intègre dans le cadre de l’expédition scientifique SANGHA 2012 coordonnée par Ph. ANNOYER, M. LOUBES et S. DANFLOUS qui permettra d’obtenir un inventaire généralisé de la faune entomologique, arachnologique, ornithologique,… et de la botanique de cette région africaine. Les missions de terrain ont eu lieu en novembre 2010 et de janvier à mars 2012.

Actuellement, une base de travail est déjà mise en place avec l’identification de près de 250 spécimens de mantes provenant des différentes missions de terrain de Ph. ANNOYER et de son équipe, au sud-ouest de Bayanga en RCA : en 2005 et 2008. Ce sont près de 35 espèces qui ont été déterminées entre 2009 et début 2010 (23 espèces en 2005 et 29 en 2008 ; 17 sont communes aux deux années). Les échantillons de 2010 sont en cours de traitement et ceux de 2012 n’ont pas encore été étudiés. Des recherches bibliographiques sur les mantes de RCA m’ont montré que la région avait été peu prospectée : 23 espèces (dont 7 communes à celles des prospections récentes de Ph. ANNOYER) sont citées de RCA dans la publication de référence de R. EHRMANN publiée en 2002. Cependant, de nombreux spécimens ont été collectés dans la région de la station de recherche de La Maboké-Boukoko dans les années 60-70. La liste des espèces n’est pour l’instant pas officielle.

 

Quatre techniques de récolte ont été utilisées : la chasse à vue (+ battage, fauchage) à l’aide de filets entomologiques appropriées, la recherche active en grimpant aux arbres à l’aide de cordes et d’équipements spécialisés, d’un piège autonome de capture aux UV (Remote Canopy Trap) et le piégeage lumineux nocturne. Les points de collectes ont été déterminés en fonction de l’organisation de l’expédition SANGHA 2012 et des différents habitats fréquentés.

(voir article échantillonnage)

Le matériel récolté sera identifié à l’aide de ma collection personnelle et de la collection de référence du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) à Paris : une des plus grandes collections de mantes du monde entier et en particulier d’Afrique. Si des espèces nouvelles pour la science sont identifiées, les types seront légués au MNHN.

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